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Capriciozo : une école de musique pas comme les autres

Créée en Février 2015, l’École de Musique Associative Capriciozo est née de la volonté de proposer, sur Reims et sur la Marne, une approche ludique et pédagogique de la musique sans que le public ne soit dans une démarche consumériste des cours. Les actions menées par l’association s’inscrivent dès l’origine dans un projet politique fort et revendiqué qui en fait sa pleine originalité et raison d’être : donner accès à la musique à tous sans que rien ne puisse constituer une barrière (sociale, culturelle, économique, d’âge ou de handicap) à l’apprentissage musical, à l’épanouissement personnel qu’il procure ou à l’enrichissement culturel qu’il construit. 

C’est ce pari osé et résolument engagé au service de la musique, du territoire et des marnais que nous explique Julien HURLUPÉ, professeur de violon et directeur historique de Capriciozo.

LA MUSIQUE POUR TOUS EN ÉTENDARD

Au cœur de la philosophie et du projet de l’École de Musique Capriciozo réside l’idée que l’accès à la musique, sa pratique, sa culture, sa diversité, sa richesse, doit être possible quel que soit l’âge, le milieu social, l’absence ou non de handicap.

Ainsi, Capriciozo propose une sensibilisation et un apprentissage de la musique à des publics de tous horizons sociaux et culturels allant de 3 mois à 99 ans et plus. Et ce n’est pas une vaine expression ! Les activités de l’association reflètent parfaitement cette volonté de s’adresser véritablement à tous. En marge des cours de musique, l’association intervient également dans des lieux aux publics plus inhabituels comme les crèches et micro-crèches ou les EHPADs, proposant des activités spécifiques et adaptées. « Avec un public de 3 mois, c’est de la sensibilisation, évidemment, mais au travers de leur écoute active, ils sont fascinés, ils sont captés. », précise Julien HURLUPÉ. […] Avec le temps, on observe une vraie interaction, une évolution et une appétence pour la musique« . Dans le cadre d’un public handicapé (autisme ou Alzheimer par exemple), il ajoute que la musique est « un vrai outil de développement et de lien social ». Capriciozo a d’ailleurs acquis un réel savoir-faire en travaillant depuis plusieurs années avec deux établissements rémois, le multi-accueil La Farandole et le centre EHPAD-Alzheimer Les Parentèles.

L’association organise également des stages parents-enfants pour sensibiliser les parents aux bienfaits de la musique (temps calmes, apaisement avant le sommeil, calmer certains troubles, etc.). Enfin, de manière ponctuelle ou récurrente au cours de l’année, Capriciozo organise des événements musicaux (concerts, animations, happenings, etc.), soit en en étant à l’initiative, soit en répondant à des sollicitations extérieures d’autres structures demandeuses. « Maintenant, c’est beaucoup de demandes qui nous sont faites parce qu’on commence à être connus et reconnus ». L’idée étant aussi de développer des réseaux et des partenariats pour favoriser l’émulsion de nouveaux projets.

Concernant les cours qui demeurent son cœur de métier, Capriciozo propose un apprentissage qui se veut différent de ce qu’on peut trouver habituellement. Il y a l’apprentissage technique pour les élèves, mais pas seulement : « Nous, on veut les amener sur autres choses », explique le directeur de l’école de musique. « Même s’ils ne font qu’un an chez nous, ils repartent avec une ouverture culturelle bien plus large que simplement l’apprentissage instrumental. » Grâce à différents outils pédagogiques, les élèves ne font pas qu’apprendre la maîtrise d’un instrument, mais ils sont amenés aussi à se forger une culture musicale globale par la découverte des origines de la musique, des instruments, etc.. « L’idée c’est d’aller toujours au-delà de leurs propres attentes. »

Il y a beaucoup d'enfants qui ne pensent pas que la musique peut leur être accessible.
C'est une première frontière à faire tomber.

Après 3 ans à faire des cours à domicile, l’association a choisi, par cohérence envers ses principes et ses valeurs, de s’implanter en 2018 dans le quartier Maison Blanche, au cœur de plusieurs quartiers ZUP/REP de Reims pouvant faire face à des situations d’exclusion contre lesquelles elle se bat. Dans le champ de ces exclusions, « Il y a beaucoup d’enfants qui ne pensent pas que la musique peut leur être accessible. C’est une première frontière à faire tomber. », constate Julien HURLUPÉ.

Pour être très caricatural, l'exclusion est des deux mondes. Elle est du monde des quartiers prioritaires, mais elle est aussi du monde de l'enseignement musical.

Et cette lutte contre l’exclusion comme la nature des exclusions contre lesquelles lutte Capriciozo vont encore plus loin qu’il n’y paraît: « C’est aussi l’intérêt de s’inscrire dans un territoire d’éducation prioritaire, parce que l’image de la musique classique est encore plus dévoyée ici que dans les quartiers bourgeois qui profitent souvent d’un début de sensibilisation. […] Pour être très caricatural, l’exclusion est des deux mondes. Elle est du monde des quartiers prioritaires, mais elle est aussi du monde de l’enseignement musical. Parce qu’à un moment donné, un prof qui voit arriver un élève dans une structure classique, où l’élève n’a aucune appétence vers des types de musiques que lui considère comme « la base »… Je considère que la musique classique c’est la base de la musique, mais je ne le donne pas comme quelque chose de dogmatique. C’est pas une règle fondamentale qui exclut tous les autres. Parce que du coup, ça veut dire en plus qu’on crée des niveaux dans la musique, c’est-à-dire que la musique classique serait au-dessus de tous les genres qui derrière se sont créés. Mais c’est aussi que les profs, les équipes professionnelles, ont ce regard-là. Je suis sûr qu’ils ne s’en rendent pas du tout compte. Mais eux-mêmes sont excluant dans leur approche. Pour eux, un élève qui n’aime pas la musique classique, il n’a rien compris. Mais c’est là où ils se trompent. Il faut les prendre comme ils sont et c’est notre boulot à nous professionnels de les amener vers autre chose… Ils ne sont pas là pour aimer ou pas aimer, ils sont là pour découvrir. Et ne pas aimer en argumentant, c’est complètement différent que de ne pas aimer sans connaître. »

RENDRE LA MUSIQUE ACCESSIBLE À TOUS PÉDAGOGIQUEMENT…

Dans sa volonté d’ouvrir la musique à tous les publics, Capriciozo adopte justement une démarche consistant à partir des élèves, de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils connaissent. « En instruments, on a plutôt une volonté au départ d’enseigner la musique classique. On ne dit jamais non à des demandes du type musiques du monde, musiques de films, ou pop… », explique le directeur de Capriciozo. C’est une clef d’entrée vers une découverte plus large de la musique, à commencer par la musique classique et l’ensemble de ses styles et de ses compositeurs bien plus différents que l’image datée que le public en a. « Quand John Williams fait La Liste de Schindler, c’est un morceau de musique classique. Même Star Wars de toutes façons ! Il s’agit pour nous de déconstruire l’image négative et poussiéreuse de la musique classique. Les gens ne se rendent pas compte qu’ils en écoutent tous les jours, dans la pub par exemple. […] Les Disney, les gamins bouffent de la musique classique dans tous les Disney et après quand on les écoute à propos de la musique classique, c’est ringard, c’est vieux et tous les clichés habituels. C’est drôle en fait ! »

On expérimente, on s'est toujours laissés le droit d'essayer en se disant, ça marche, c'est super, ça marche pas c'est pas grave. [...] Si on a la bonne porte d'entrée avec le public, très rapidement, ça fonctionne.

Julien HURLUPÉ insiste d’ailleurs sur la grande souplesse pédagogique dont les intervenants font preuve et de leur capacité à innover sans cesse dans leurs méthodes et leurs approches, tant dans les cours que dans les interventions en structures : « On expérimente, on s’est toujours laissés le droit d’essayer en se disant, ça marche, c’est super, ça marche pas c’est pas grave. Mais ce dont je me suis rendu compte sur le terrain, c’est que si on adapte nos outils pédagogiques, si on a la bonne porte d’entrée avec le public, très rapidement, ça fonctionne. »

… QUALITATIVEMENT…

Si la question de l’accessibilité est centrale pour Capriciozo, c’est aussi et surtout rendre la qualité accessible à tous. Le directeur se montre intransigeant, par exemple sur la qualité des instruments proposés : « C’est pas parce qu’on travaille sur la question tarifaire qu’on doit rogner sur la qualité. On met 1000€ dans un instrument (type violon, archet, boîte). On a estimé qu’en dessous, c’était pas de la qualité » . Cela étant dit, ça ne dit pas tout… En effet, pour l’exemple des violons, il faut bien comprendre que l’investissement est lourd ; ainsi, de manière à pouvoir faire face aux différents âges et gabarits des élèves, il faut pouvoir leur fournir un instrument adapté en taille tout au long de leur formation musicale. Et ce ne sont pas moins de 7 tailles que l’association peut proposer à ses élèves !

Même si les gens viennent dans le cadre d'un loisir, nous ne mettons en face d'eux que des gens professionnels et diplômés.

Et bien entendu, tous les intervenants pédagogiques et les professeurs sont des professionnels accomplis. L’association n’emploie pas moins de sept salariés pour offrir une grande qualité d’enseignements sur un large éventail de disciplines musicales : 2 professeurs de violon (dont le directeur), 1 professeur de violoncelle, 1 professeur de piano, 1 professeur de batterie et percussions classiques, 1 professeur de solfège et 1 animatrice musicale périscolaire. Cette dernière intervient notamment, dans le cadre du partenariat avec la Ville de Reims depuis 5 ans, en maternelle et en élémentaire pour de l’éveil musical, et assure également des animations en crèches et en centres de loisirs.

L’association se fait un devoir de valoriser le travail de son équipe en leur garantissant d’être rémunérés au-dessus du minimum de la convention collective. Julien HURLUPÉ rappelle « [qu’à] un moment donné, il n’y a rien de gratuit ! Nous, on revendique qu’il s’agit d’une professionnalisation. Même si les gens viennent dans le cadre d’un loisir, nous ne mettons en face d’eux que des gens professionnels et diplômés. C’est un métier et tout le monde, demain, ne peut pas se prétendre prof de je-ne-sais-quel-instrument ou animateur musical. »

… ET ÉCONOMIQUEMENT

Alors que la plupart des écoles de musique adopte une tarification unique, Capriciozo a choisi de proposer une offre de cours individuels construite autour de 3 tranches tarifaires dépendantes des critères sociaux du quotient familial de la CAF. Ces tranches s’échelonnent de 20 à 30€ de l’heure et restent en-deçà des moyennes constatées sur le territoire. En plus de ces cours individuels, plus onéreux, et ce afin de garantir l’accessibilité et la qualité des cours en eux-mêmes aux publics les plus en difficultés, Capriciozo propose des cours semi-collectifs, un concept unique sur Reims. Cela consiste en des cours de 2 à 5 élèves maximum, d’âges et de niveaux similaires. C’est un juste milieu pour assurer une forte qualité pédagogique et un suivi personnalisé de chaque élève propre à un cours particulier tout en divisant les coûts d’une séance drastiquement. « La contrepartie, c’est que l’élève [NDLR: ayant atteint un certain niveau] n’est plus complètement libre du choix de son programme par rapport à un cours individuel » , précise Julien HURLUPÉ.

Conformément à sa lutte contre toute forme d’exclusions, l’association incite et favorise à la mixité sociale des élèves pris en charge : « On refuse toute exclusion et on refuse toute discrimination donc il n’y a pas de raison qu’on ne s’adresse pas à un public qui a les moyens. »

La difficulté est de trouver le bon point d'équilibre entre l'utilité sociale et l'utilité économique et les élèves aux moyens plus importants contribuent pleinement à trouver cette balance [...]. Mais adhérer à Capriciozo, c'est un tout : un tarif attractif [...] et une philosophie engagée autour de l'idée du « faire société ».

Toutefois comme le rappelle le directeur de l’école, l’un des piliers des actions de Capriciozo repose sur la justice sociale et selon lui, « il n’y a pas de raison que les familles sans problème financier ne paient pas plus cher » . Plus encore, adhérer à Capriciozo pour des familles plus aisées doit être perçu par celles-ci comme un véritable engagement social et citoyen. « La difficulté est de trouver le bon point d’équilibre entre l’utilité sociale et l’utilité économique et les élèves aux moyens plus importants contribuent pleinement à trouver cette balance pour que la structure puisse fonctionner correctement. Mais adhérer à Capriciozo, c’est un tout : un tarif attractif sans jamais transiger sur la qualité pédagogique et le professionnalisme et une philosophie engagée autour de l’idée du « faire société » . […] « On a eu des discutions autour de ces questions, surtout les familles les plus aisées, et après, on leur explique bien, c’est aussi un choix que vous faites. Vous avez d’autres écoles avec un tarif unique, qui s’approche du nôtre ou pas, mais qui ont un tarif unique. Si cette approche-là vous pose un problème, c’est pas chez nous qu’il faut venir. Au final, ils s’y retrouvent puisqu’ils restent. »

Autre volet crucial dans l’offre tarifaire de Capriciozo, la mise à disposition des instruments qui se doit d’être accessible en termes de coût. L’association investit régulièrement pour permettre la location des instruments par les élèves (environ 20€/mois). Cette location se fait le temps d’amortir l’achat. Ensuite c’est une logique de prêt. Julien HURLUPÉ veut être clair sur la question, c’est une manière à nouveau de faciliter l’accès à la musique, pas une concurrence : « Si on est un chouia moins cher que les luthiers sur Reims, on ne veut pas leur faire d’ombre. C’est toujours l’idée de travailler en réseau et intelligemment avec tout le monde. Parce que déjà ce sont des partenaires les luthiers, parce qu’ils s’occupent de nos instruments. Et puis, même si on travaille sur l’accessibilité, il ne va pas falloir qu’on leur fasse d’ombre sur leur activité, parce que si demain on a moins de luthier ou plus de luthiers, on aura rien gagné. »

À noter qu’en 5 années d’activités, Capriciozo, malgré les salaires, malgré l’installation dans ses locaux et les charges qui l’accompagne, n’a jamais augmenté ses tarifs. Là encore, c’est une vraie volonté politique qui perdurera tant que cela reste économiquement viable.

CONTINUER À INNOVER POUR QUE LA PRÉCARITÉ NE SOIT PAS UN FREIN À LA MUSIQUE

Capriciozo n’entend pas s’arrêter là. Soucieux de rendre l’apprentissage musical toujours plus inclusif, l’association met en place des « bourses élèves ». Le but : créer un échelon tarifaire supplémentaire permettant de toucher un public qui n’a pas du tout d’argent à consacrer aux cours et constituer un levier pour faciliter encore l’accès à la musique.

Concrètement, sur la base d’un partenariat privé ou public, il s’agit de proposer à des structures de participer au financement de bourses sous forme de parrainage. Une bourse annuelle de 800-900€ permet la prise en charge complète d’un élève pendant un an en cours semi-collectif hebdomadaire, prêt de l’instrument et formation théorique compris. Afin de s’assurer que ces bourses ne soient attribuées qu’aux familles les plus en difficultés, les critères sociaux retenus sont particulièrement stricts. Par contre, de manière à responsabiliser les familles, ce n’est pas 100% gratuit : l’adhésion annuelle de 16€ est payante (adhésion incluant l’assurance de l’élève et de l’instrument, les frais d’inscription et des tarifs préférentiels pour les événements proposés par Capriciozo).

Pour cette rentrée 2020, la DDCSPP va permettre de financer 5 bourses. Toutefois, l’ambition de Capriciozo est bien de faire en sorte de pérenniser ces 5 bourses de façon à ce que les élèves retenus puissent en bénéficier tout au long des années de leur apprentissage et pas qu’ils soient contraints d’arrêter si la bourse venait à disparaître. Plus encore, l’idée est aussi de continuer à prospecter parallèlement pour développer le mécénat et inciter des entreprises locales et nationales à participer au financement de bourses supplémentaires pour la rentrée 2021.

UNE ASSOCIATION SOLIDE ET RESPONSABLE

Le directeur de Capriciozo évoque un principe fondamental de l’association, économiquement parlant : « On ne sort pas d’argent tant qu’on n’a pas de rentrées ». Pour entreprendre une action, la structure s’assure systématique qu’elle soit totalement financée au préalable. Et c’est cette démarche qui a permis de garder l’équilibre budgétaire au fil des ans. Le développement des activités s’est toujours fait dans cet esprit : « [En 2015,] c’était une volonté du Conseil d’Administration que de développer mon poste et le stabiliser car derrière on [pouvait] aller vers le développement d’autres classes instrumentales, d’autres activités. », se rappelle Julien HURLUPÉ.

On ne sort pas d'argent tant qu'on n'a pas de rentrées.

Le CA, d’ailleurs, se compose de 16 personnes, toutes bénévoles au sein des activités de l’association. Leurs rôles sont essentiels à plusieurs titres : ils participent à la vie politique du CA, ils contribuent à l’attractivité tarifaire en s’engageant sur des tâches qui seraient confiées à un salarié ou à un prestataire et ils sont parfois mobilisés sur des actions ponctuelles ou spécifiques (auditions d’élèves, concerts, etc.).

Durant la saison 2019-2020, avec un effectif de 64 élèves et en dépit du COVID-19, la structure a su faire face sans encombre. « La crise ne portera pas préjudice à la santé financière de l’association », rassure le directeur. En effet, pour s’adapter à la crise, le réflexe a été tout de suite de basculer les cours en visioconférence pour maintenir les liens entre adhérents et enseignants, une initiative qui a très bien fonctionné puisqu’aucun élève n’a été perdu au cours de cette période dans le cadre des cours individuels. Une stratégie payante qui n’a, par ailleurs, pas été nécessairement mise en œuvre dans d’autres écoles de musique du territoire comme le précise M. HURLUPÉ.

LA RENCONTRE AVEC LE GEDA : UN PARTENARIAT POUR LEVER DES DIFFICULTÉS, ACCROÎTRE LA PROFESSIONNALISATION ET DÉVELOPPER DES PROJETS

« Avant le GEDA, on a eu deux partenaires qui s’occupaient de la question des fiches de paie (parce qu’au début, on le faisait entre nous mais on a très vite compris qu’on ne pourrait pas se soustraire d’un partenaire… *RIRES*), se souvient Julien HURLUPÉ. […] Le premier partenaire, rémois, n’a pas du tout répondu à nos demandes et nos spécificités (on ne peut pas oublier qu’on fait partie de la Convention Collective de l’Animation et qu’à un moment donné, il y a des spécificités à prendre en compte). Ça a été aussi compliqué avec ce premier partenaire sur la question du suivi et de la relation avec nous : on leur faisait des demandes, on n’avait pas de retour. Après on a eu un deuxième partenaire, on payait très cher, bien plus cher que pour le GEDA, pour un travail externalisé. On était très mécontents du travail rendu où on s’apercevait, alors qu’on n’est pas du métier, d’erreurs de taux et autres. À l’époque, je n’avais jamais le même salaire avec ce prestataire-là ! Et on s’est dits ‘le jour où on a un contrôle, même si on a un prestataire, c’est le meilleur moyen d’avoir des emmerdes pas possibles’. »

Nous sommes excessivement contents ! Ce qui était chez nous une faiblesse est devenue une force. Et ça, ça change tout au quotidien !

Parmi les membres du Conseil d’Administration de Capriciozo, des membres des Francas (ancien adhérent du GEDA AM) ont suggéré la piste du GEDA, une piste appuyée par le réseau associatif local. Après un rendez-vous avec le GEDA pour se présenter réciproquement, réfléchir au type de partenariat et étudier la nature du besoin (ici, la réalisation de fiches de paie, de déclarations, etc.), a été proposée une salariée déjà aguerrie à ce besoin, Fanny JACQUEMINET.

Après deux ans de mise à disposition hors des locaux de l’école de musique (Fanny travaillant depuis le GEDA), le directeur de Capriciozo livre un bilan extrêmement positif de cette relation avec le GEDA et la salariée. « Nous sommes excessivement contents ! Ce qui était chez nous une faiblesse est devenue une force. Et ça, ça change tout au quotidien ! Elle est disponible. Quand on demande quelque chose, on a une réponse dans un délai qu’on ne connaissait pas avant. Quand elle ne sait pas, il n’y a aucune difficulté, elle va se renseigner et puis elle revient vers nous avec des éléments précis. Truc très con, nous à chaque rentrée, on demande des simulations de fiche de paie, on a besoin de simulations pour pouvoir se projeter sur les coûts, mais aussi pour que nos nouveaux salariés puissent savoir à quelle sauce on va les manger. On leur donne le coeff, etc., ça parle à personne, il faut faire des calculs… Fanny, on a été jusqu’à lui demander 5 simulations… On les a eu ! Avec aucune difficulté. Avec les autres prestataires, ça, on n’a pas connu *RIRES*. Une fluidité, une facilité relationnelle… »

Et quant au coût GEDA, là aussi le bilan est sans appel selon lui. « Et c’est le truc qui est fou, c’est qu’on paye moins cher chez vous qu’on payait pour nos deux prestataires d’avant pour un service moins bien rendu. On se dit qu’on s’était bien fait avoir parce que là pour [faire les paies et les démarches de] 7 salariés, ça revient à peu près au même coût que pour les 2 salariés qu’on avait avant ! Non vraiment on est ravis et on y voit clairement un partenariat à long terme. »

On contribue à la consolidation à la fois de son poste mais plus généralement de la structure du GEDA. Pour nous, c'était devenu un acte politique de venir au GEDA.

Cette idée de partenariat à long terme, le directeur de Capriciozo l’envisage au-delà de la mise à disposition à proprement parler, mais bien comme la rencontre de deux partenaires partageant une même philosophie. « On contribue à la consolidation à la fois de son poste [NDLR: de Fanny] mais plus généralement de la structure du GEDA. Pour nous, c’était devenu un acte politique de venir au GEDA. C’est là où ça nous paraissait encore plus essentiel d’être avec [le GEDA] que de continuer à chercher un prestataire. » Pour Capriciozo, cela s’inscrit dans la logique d’un réseau solidaire entre les adhérents du GEDA. « Un partenaire va vous dire ‘On aurait besoin d’un truc un peu spécifique’, et que vous vous allez dire, ‘bah on a ça, on a ça, et tiens, il y a peut-être Capri qui va pouvoir vous proposer une forme d’animation musicale…' » Une logique solidaire donc, gagnante-gagnante, et pas uniquement sur un plan pécuniaire mais bien humain, en parfaite adéquation avec les valeurs portées par le GEDA.

LE FUTUR DE CAPRICIOZO: POURSUIVRE LE DÉVELOPPEMENT ET LA PROFESSIONNALISATION

Si le principal chantier de l’association sera, on l’a dit, la consolidation et le développement des « bourses élèves », d’autres, tout aussi ambitieux, sont en projet.

Ainsi, de manière à encore professionnaliser Capriciozo et renforcer sa structuration, un poste de secrétariat devrait voir le jour prochainement. Côté accueil du public et confort des enseignements, grâce à des partenariats avec notamment Vinci, le Crédit Agricole et la Ville de Reims, des travaux sont prévus pour améliorer les locaux (isolation phonique et thermique) ainsi que des acquisitions de mobilier plus adapté aux besoins (par exemple pour l’accueil des publics les plus jeunes).

Le développement numérique étant lui aussi au cœur des préoccupations de l’association, le financement concernera également la création d’un site internet sur mesure et pensé comme une véritable interface entre Capriciozo et ses adhérents (actuels et futurs) : inscriptions et paiements en ligne, cours à distance, mais aussi référencement et communication, ce site sera à la fois un outil d’échanges et de pédagogie tout en servant de vitrine promotionnelle des nombreuses activités de l’association.

Côté activités justement, l’association compte mettre en place des stages pour les femmes enceintes pour développer des approches musicales : « En effet, on a la certitude aujourd’hui qu’un enfant qui est dans le ventre de sa maman va être réceptif à la musique.« , rappelle Julien HURLUPÉ. À termes, cette sensibilisation précoce contribue pour partie à développer chez le futur enfant un goût plus marqué, une appétence pour la musique, son écoute, sa pratique et l’enrichissement culturel qui l’accompagne.

Enfin, sur le volet de l’emploi, si la préoccupation première, selon la philosophie prudente et responsable de l’association, sera pour 2020-2021 de consolider les postes existants (ce à quoi les bourses participeront), la volonté d’ouvrir de nouvelles classes instrumentales devrait conduire à la création de nouveaux postes.

Ces prochaines années s’annoncent donc particulièrement intenses et riches pour Capriciozo aux travers de projets riches et amitieux. C’est tout le mal qu’on leur souhaite !

 

Jonathan DÉMOULIN
Chargé de communication